Quatrième de couverture :
Tous les matins, Oliver s’enferme dans la lingerie pour écrire ses mémoires. Il nous apprend comment son ex-femme, Constance, l’a mis à la porte pour filer le parfait amour avec le jardinier, à ses yeux un hypocrite et un lâche. Mais Constance, qui a découvert le manuscrit, entreprend entre les lignes de donner sa version de l’histoire. Qui ment ? Qui dit la vérité ? Cette comédie délicieusement british s’avère être une fable cruelle sur les dangers de la vie de famille. Anne Fine sait de quoi elle parle : romancière confirmée, elle est aussi l’auteur de Madame Doubtfire.
Pourquoi ce livre ?
J’étais en panne de lecture gaie, je ne voulais débuter une lecture ayant un potentiel sinistrosant en perspective. Donc, j’ai sorti un pilier de ma bibliothèque pour me ravigoter.
Ma lecture :
J’ai du lire ce livre pour la première fois alors que j’étais ado. Pour moi, c’était un livre gai, drôle et qui m’avait fait découvrir le fameux humour anglais. C’est bien pour cela qu’il avait une place de choix dans ma bibliothèque.
L’ayant relu maintenant, une fois mariée (ou comme telle) et maman d’un petit garçon, ce livre m’est apparu tout autrement.
Déjà, c’est une critique féroce de la vie de couple. Tout est remis en question dans ce livre : le soi disant coup de foudre, la première fois, les illusions que l’on entretient sur le fait qu’on arrivera à changer l’autre (ou à faire des efforts), les enfants (le fait que même si l’autre moitié dit ne pas en vouloir on a l’illusion qu’il les aimera une fois là – oui peut-être mais il voudra pas forcément s’en occuper !). Ce livre est acide et sans concessions. De toute façon, on ne sort pas indemne d’un mariage et il ne faut pas croire que le fait d’être divorcé vous affranchis de toute culpabilité.
Ce livre est drôle car le narrateur, philosophe de son état, croit écrire son autobiographie pépère dans la lingerie de son ex-maison chez son ex-femme. Mais comme tout philosophe qu’il est, tout le temps en train de penser et jamais dans le concret, il oublie que les draps se changent et que l’endroit de stockage de son autobiographie (qu’il planque pour que son harpie d’ex-femme ne tombe pas dessus), une taie d’oreiller Victoria Plum, va forcément être sorti par son ex-femme pour changer le linge de maison. Forcément, elle ne manque pas de lire cette autobiographie et de rajouter sa version.
C’est drôle car les deux versions, une ultra concrète de Constance et l’autre, ultra théorique – philosophique d’Ollie, se confrontent.
Comme vous pouvez le constater, j’adore ce livre que je trouve intelligent et acerbe sur les relations de couple.
Un extrait sur la maternité (spécial dédicace à Chatplume) qui me parle vraiment :
« ce qui est normal, c’est d’en avoir marre de ramasser tous ces jouets imbéciles à longueur de temps, tous les jours que Dieu fait. Ce qui est normal, c’est d’engueuler ces pauvres bouts de chou épuisés et de prendre des moyens qu’on a juré de ne jamais employer, la corruption, le chantage, les menaces, dans le seul but de ne pas devenir fou. Ce qui est normal, c’est de se jeter sur la bouteille de gin juste après le gouter, c’est d’avoir l’impression, en s’entendant, d’entendre sa propre mère, c’est de tirer le fil du téléphone jusqu’au placard à balais sous l’escalier pour déverser sa bile dans l’oreille compatissante de la seule de tes amies qui soit encore à la maison avec les enfants, de lui raconter à quel point tu en as marre et qu’il faut encore attendre trois ans avant d’être en tête de la liste d’attente de la crèche et d’ajouter que s’ils n’y prennent pas garde, tu vas tous les étrangler. Ce qui est normal, c’est de sortir du placard avec des ruses de sioux pour découvrir qu’il sont tous revenus de l’endroit où tu les avais envoyés pour éviter de leur fendre le crane, et qu’ils sont restés tout le temps derrière la porte, à écouter ce que tu racontais. (Elle étendit les mains). Ce n’est pas étonnant que les enfants anglais fassent des efforts pour être malins et drôles, qu’ils parlent vite et essaient de t’impressionner avec les mots tout neufs qu’ils viennent d’apprendre et que tu n’as jamais entendus de leur bouche, comme « caillou » ou « rocher ». Les pauvres gosses s’imaginent sans doute que leur vie est en jeu ».
Ma note : 5/5